Intervention de Didace Pembe lors du cadre d’échange sur l’environnement du Groupe Échangeons.

L’intervention de Didace Pembe lors du  cadre d’échange sur l’environnement organisé par le Groupe Échangeons ce 19 juin 2021 au Jardin botanique de Kinshasa.  Texte intégral.

“Mesdames et Messieurs distingués invités,

Il m’est un réel plaisir et un agréable devoir de m’exprimer pour la première fois, dans le cadre de cette activité consacrée à une question que j’affectionne beaucoup, celle, des changements climatiques et je remercie de l’honneur qui m’a été fait par le Groupe Échangeons de participer à ces assises.

J’aimerais, aussi, féliciter les responsables du Groupe Échangeons pour cette belle initiative qui contribuera sans nul doute à faire changer les mentalités et à sensibiliser les jeunes sur les questions relatives au climat.

Si j’ai bien compris, l’un des buts poursuivi par ce cadre d’échange est de bâtir un cadre de transmission d’expérience, de connaissance et d’opportunités.

Permettez-moi, d’éviter de revenir sur les menaces qui pèsent sur la planète car j’ose croire que les participants à cette rencontre sont déjà suffisamment édifiés sur la question, étant donné que plusieurs rapports que ce soit celui du GIEC (Groupe Inter-gouvernemental sur l’Evolution du Climat) ou d’autres organismes, font état d’une détérioration alarmante de notre système climatique, du réchauffement de la planète et de la diminution de la capacité à retrouver un état d’équilibre de notre planète (la résilience).

Plusieurs années après Poznan, Copenhague, Cancún, Johannesburg jusqu’à l’adoption à Paris d’un Accord historique sur le Climat, force est de constater que notre planète demeure sur une trajectoire périlleuse au regard des défis posés par les changements climatiques.
Il y a en effet URGENCE ! Une urgence partagée à contribuer aux objectifs de réduction d’émissions.
Or qu’avez-vous à offrir, vous jeunes congolais, dans cette lutte globale ? Quelle peut être votre contribution à cet effort mondial, alors que notre pays se trouve à la croisée des chemins en termes de développement économique et social ?

Le problème est donc connu, le diagnostic est déjà posé, maintenant il va falloir se concentrer sur les solutions.

Mais avant de répondre aux questions que je viens de poser, sied-il de rappeler que les Gouvernements qui se sont succédé ainsi que le pouvoir législatif, ont rempli une part de leur mission en balisant le chemin pour la mise en place d’une économie sobre en carbone.

J’ai moi-même, en ma qualité de Ministre de l’Environnement, Conservation de la Nature, Eaux et Forêts entrepris un vaste chantier de renforcement du cadre législatif du secteur de l’environnement, et grâce aux efforts du pouvoir exécutif et des parlementaires, la RDC dispose aujourd’hui d’un cadre législatif et réglementaire assez fourni.

Je peux citer à titre illustratif, la loi portant principes fondamentaux relatifs à l’environnement, la loi sur la conservation de la nature, le code forestier et ses mesures d’application, le code de l’eau et j’en passe…

En outre, en 2020, le Président de la République a mis en place une Agence Congolaise Chargée de la Transition Écologique en vue d’amorcer le chemin vers un modèle économique sobre en carbone.

Certes, le chemin à déjà été balisé mais la mise en œuvre de toutes ces lois et réformes traîne encore le pas et ce, malgré la multiplicité des Structures s’occupant de l’Environnement et l’élévation du Ministère de l’Environnement au rang de la Vice-primature.

C’est donc à ce niveau que se trouve un élément de réponse à la question « quel rôle le jeune congolais peut jouer face aux défis du changement climatique ? »

Mesdames et Messieurs distingués invités,

Il vous souviendra que plus de 60% de la population congolaise est jeune et de ce fait, elle constitue une force capable de renverser les modèles de développement encore d’application aujourd’hui.

Permettez- moi de vous rappeler que grâce à l’initiative d’une jeune fille suédoise de 15 ans du nom de Greta Thumberg, le monde entier a été mis face à ses responsabilités, après qu’elle ait protesté devant le parlement suédois contre à l’inaction face aux changements climatiques.
En effet, par des actions ciblées et bien réfléchies, elle a réussi à faire entendre sa voix par des actions comme la grève scolaire pour le climat, ce qui, d’ailleurs s’est propagée dans le monde entier.

De nos jours il est malheureux de constater que les jeunes congolais sont à la solde des politiciens manipulateurs et sont plus attirés à manifester pour des cause moins importantes pourtant, la question des changements climatiques devrait les préoccuper au plus haut point.

Les récentes inondations dans la ville de Kinshasa et les morts qui s’en sont suivi, des fortes pluies en mi-juin, sont une des preuves que le climat est en train de changer.

Le militantisme n’est pas la seule voie pour faire changer les stéréotypes. Pour ma part, au niveau du parti politique « Alliance des Ecologistes Congolais -Les Verts-, j’ai réussi à créer un Groupe parlementaire dénommé « Liberté, Démocratie et Ecologie » dont je suis le Président. Nous essayons tant soit peu de faire intégrer les questions écologiques dans tous les projets de loi et propositions de loi qui nous sont soumis au niveau du parlement.

En outre, grâce aux ateliers et campus écologiques que nous organisons, nous essayons de faire entendre raison, les différents décideurs pour que des mesures idoines soient mises en place pour endiguer à notre niveau, les changements climatiques.

Dans le même ordre d’idée, je voudrais saluer les initiatives de certains jeunes congolais qui ont mis leur savoir-faire au profit de l’écologie notamment MOPEPE avec les véhicules électriques, écoplast et tant d’autres…. Voilà des initiatives à encourager et j’invite les jeunes à réfléchir continuellement sur des solutions innovantes qu’on peut mettre en place pour améliorer notre environnement.

Enfin, je ne peux terminer mon intervention en éludant la question de la conciliation du concept préservation de l’environnement et développement économique.

En effet, il est difficile d’atteindre la neutralité carbone, sans les fonds qui pourraient provenir des pays pollueurs.

Au moment où il est demandé aux économies avancées de réduire leurs émissions des gaz à effet de serre, il est attendu de la RDC qu’elle évite des émissions futures en empruntant la voie salvatrice de la sobriété carbone.

Cela est une injustice et nos dirigeants doivent changer de stratégie et mettre en place une diplomatie environnementale pour faire prendre en compte le rôle de poumons de la planète que jouent nos forêts devant les instances internationales.

En attendant, il est possible d’utiliser d’autres ressources pour assurer notre développement économique et je soutiens plus particulièrement le projet grand Inga qui est l’emblème de notre puissance énergétique, l’instrument de notre diplomatie décarbonée et un outil stratégique de notre développement économique bas carbone. Ce projet, si il arrive à être concrétisé, sera porteur de beaucoup de bénéfice pour la population congolaise.

Pour terminer, je voudrais rappeler aux jeunes que les questions liées à l’écologie nous concernent tous ; il ne faut pas attendre tout du gouvernement, mais chacun en ce qui le concerne peut poser des actes écologiques en gérant mieux ses déchets par exemple, en utilisant le gaz au lieu du makala en s’abstenant de jeter des bouteilles plastiques dans les caniveaux etc…

En n’agissant pas ainsi, nous sommes nous-mêmes les propres artisans de nos malheurs futurs.

Le monde change, changeons le monde !!
Que vive l’écologie active ! Que vive la jeunesse !

Je vous remercie.”

PEMBE DIDACE BOKIAGA

Député national
Président de l’AECO -Les Verts-