Didace Pembe réagit à un article publié par la RTBF sur le Parc de la Virunga: “On ne va pas dormir affamés sous prétexte qu’il faut protéger l’environnement!”

C’est avec un vif intérêt que j’ai lu l’article de la RTBF publié le 09/11/2011 intitulé:
Déforestation et du reboisement en RDC: “On ne va pas dormir affamés sous prétexte qu’il faut protéger l’environnement!”.

L’article est très bien documenté et reflète bien la situation qui prévaut actuellement dans le parc des Virunga.

 

Mais je déplore le titre accrocheur qui réduit la responsabilité de la déforestation à la population locale. En effet, en lisant l’article, un constat s’impose: c’est la présence des nombreux groupes armés non contrôlés qui est à l’origine de tous les maux.

  • Les groupes armés imposent à la population locale la coupe et la fabrication de charbon de bois pour acheter des armes et poursuivre leurs méfaits.
  • Ces mêmes milices armées affrontent régulièrement les gardes du parc qui déplorent chaque année nombre de morts et de blessés. La population est terrifiée. Si elle ne collabore pas avec ses bourreaux, ils exercent des représailles sanglantes dans les villages.
  • Il est difficile, voire impossible de mettre en place des structures motivées pour une nouvelle nouvelle économie verte. Et pour cause, les milices kidnappent les employés des ONG pour négocier une rançon. Les femmes qui osent partir travailler dans les projets d’agro-foresterie sont violées.
  • Les terres volcaniques sont excessivement fertiles. A cause de ces groupes armés, l’agriculture est sous-développée autour du parc. Le miliciens pillent les récoltes et le bétail. Pour survivre, les paysans n’ont alors d’autre recours que de puiser dans les ressources naturelles du Parc.

Dans de telles conditions, j’affiche mon admiration face au courage de tous ceux et celles qui risquent leur vie pour protéger le parc dans de telles conditions. Je pense tout particulièrement à ceux cités dans l’article à savoir Mesdames Francesca Lanata et Aimée Kataliko, monsieur Emmanuel Baati Lukoo, le prince Emmanuel de Merode et tous nos héroïques éco-gardes.

A la fin du 20ème siècle, c’est la géo-politique qui a envoyé ces milices dans le Parc des Virunga. Les enjeux de la guerre froide occultaient alors les préoccupations écologiques. On ne parlait pas encore du réchauffement planétaire.

Un demi-siècle plus tard, les puissances du Nord commencent à s’inquiéter de la hausse des températures. Leur climat a déjà changé. Les catastrophes naturelles leur coûtent de plus en plus cher. On se tracasse alors pour la forêt du bassin du Congo, un régulateur du climat qui inclut le Parc Virunga dans sa partie orientale.

Didace Pembe
Député National de Mushie (Maï Ndombe)
Président du parti AECO -Les Verts-